Trail du tour des Fiz

Tour des Fiz – 8 refuges

Après avoir longuement hésité avec le trail de l’Etendard proposé à la même date, j’ai finalement choisi le trail du tour des Fiz comme dernière course de préparation à l’UTMB. Trois épreuves sont proposées au départ de Plaine-Joux : le balcon des Fiz, course de 22 kms, le tour des Fiz 5 refuges, 30kms pour 2300m de D+ et l’épreuve reine, le tour des Fiz 8 refuges, 61kms pour 5000m de D+.

Plaine-Joux est une petite station familiale au dessus de Passy et du plateau d’Assy qui propose de nombreuses activités sportives dont une aire de départ de parapente assez prisée.

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Une fois n’est pas coutume, je pars seul pour le week-end, j’ai prévu de planter la tente à Plaine-Joux pour être sur place le jour de la course.

Je profite du vendredi après-midi ensoleillé pour faire une petite rando découverte au dessus de Plaine-Joux, jusqu’aux chalets de Souay et aux Ayères des Pierrières. J’ai hâte d’être à dimanche pour en voir plus et faire le tour de ce massif qui semble infranchissable.

Le retrait des dossards s’effectue au Mountain Store de Passy (Immense décathlon consacré uniquement aux sports de montagne) le samedi après-midi, avec contrôle du matériel obligatoire, suivi du briefing et du repas trailer. Je remonte sur Plaine-Joux, la météo s’est largement dégradée avec plusieurs averses au cours de la journée, mais le pire reste à venir avec des orages annoncés à partir du milieu de nuit.

Je prépare mes affaires pour la course et me couche assez tôt, la nuit va être courte. Je suis réveillé vers minuit par les éclairs et tonnerres assourdissants. L’orage est arrivé plutôt que prévu. C’est son et lumière sous la tente sans compter le crépitement des gouttes de pluie sur la toile. J’en viens à imaginer l’annulation probable de la course, il n’est pas raisonnable de lâcher 250 personnes en montagne par ce temps. Finalement, ça se calme vers 4h et le départ pourra être donné, même s’il est prévu d’autres épisodes orageux au cours de la journée.

Nous sommes donc 249 à s’élancer sur 331 inscrits. La météo aura sans doute démotivé quelques trailers. Les premiers kms s’effectuent essentiellement en descente avant d’attaquer la première ascension d’environ 600m vers le premier ravitaillement au refuge de Varan . La pluie fait son apparition et je remets la veste après l’avoir enlevée quelques minutes plus tôt. La première descente est assez glissante, d’autant plus que plusieurs dizaines de coureurs ont déjà piétinné ce sentier boueux. On rejoint le parcours commun avec le 30 kms pour démarrer la longue ascension de 900m vers le refuge de Platé puis le col de la Portette.

Il est très difficile de doubler sur ce sentier monotrace qui monte en lacets, du coup je ferai toute la montée au milieu du peloton du 30 kms. C’est assez spectaculaire d’observer ce serpent multicolore qui se meut sur les pentes escarpées en direction du passage des Egraiz. La pluie s’estompe, nous arrivons sur le plateau en vue du refuge, on aperçoit sur la gauche le sommet des remontées de la station de Flaine, sans doute le télésiège de Lindars Nord. Il reste 300m à gravir après le refuge jusqu’au col de Portette où quelques bénévoles haranguent les coureurs. L’arrivée sur ce col étroit découvre un formidable panorama sur les rochers des Fiz.

La première partie de la descente est assez technique et glissante avant de rejoindre le grand pré, puis le refuge de Sales. On enchaîne la descente à travers des gorges encaissées et ses nombreuses cascades. On quitte alors le parcours du 30 kms qui va remonter vers le refuge A. Wills, tandis que nous poursuivons la descente, assez roulante jusqu’à Salvagny. Nous avons perdu quasiment 1500m en 13kms depuis le col de Portette. Le ravitaillement est le bienvenu, la soupe de pâtes est réparatrice, certains coureurs semblent très marqués, assis ou allongés sur les bancs sous la tente. J’apprécie le réconfort des bénévoles et leur bonne humeur, qui s’enquièrent de notre état avant de nous laisser repartir. On est environ à la mis parcours, mais le plus dur reste à venir, à commencer par la prochaine montée de 1100m en direction du refuge de Grenairon.

La première partie est une piste de plus en plus raide, puis se transforme en lacets très courts, coincés entre les Lapiaz et le torrent qui porte bien mal son nom le Nant Sec. Nous quittons la forêt avec l’altitude, je rattrape enfin quelques coureurs, puis nous arrivons au refuge accueillis par les bêlements de quelques chèvres. Pointage et contrôle des sacs, ravitaillement rapide, remplissage des flasques et je repars sous le soleil pour une longue descente très roulante sur une piste 4×4. Je double à nouveau quelques coureurs, dont un pris par des crampes auprès duquel je reste quelques instants, puis plus bas un autre blessé au genou qui abandonnera à priori au pied de la descente. J’ai 1h d’avance sur la barrière horaire, et j’entame sereinement la courte montée de 300m vers le refuge des Fonts. Les rayons du soleil percent timidement jusqu’au refuge, je refais le plein de liquide avant la longue montée vers le prochain refuge, et repars aussitôt.

Le soleil laisse place à la grisaille puis au brouillard. J’ai l’impression d’être seul sur cette course. Quelques gouttes de pluie m’incitent à remettre ma veste. Je trouve cette ascension de 700m assez pénible, sans aucune vue. La végétation dense masque l’horizon, on espère en vain atteindre la fin après chaque virage. Puis, finalement on atteint le point haut à 2000m avant la courte descente vers le refuge Alfred Wills. Le brouillard s’est estompé mais le ciel est de plus en plus sombre. Le ravitaillement parait assez triste malgré la bonne humeur des bénévoles. Un ou deux coureurs sont assis et récupèrent avant la dernière ascension. Il reste 12kms à parcourir jusqu’à l’arrivée.

Je repars pour les 300m qui nous séparent du lac d’Anterne. La pluie se remets à tomber, je remets une nouvelle fois la veste, et cette fois je ne regreterrai pas d’avoir emporté la GoreTex plutôt que le simple coupe vent. La pluie s’accentue puis se transforme en grêle. On entend plusieurs tonnerres. C’est véritablement le déluge qui s’abat. je ne suis pas très rassuré et j’accélère le pas. Le sentier devient un véritable torrent, j’ai par moment de l’eau jusqu’aux chevilles. Enfin le lac apparaît, la grêle et la pluie s’arrêtent, mais le contour du lac est délicat, les ruisseaux qui l’alimentent se sont transformés en mini rivières qu’il est compliqué de franchir. Au delà du lac, on traverse un névé puis on aperçoit le col d’Anterne 200m plus haut. Le col est vite atteint, le ciel se dégage peut à peu et on entrevoit le refuge de Moëde-Anterne en contrebas. J’ai rattrapé un concurrent dans la dernière ascension, et on fera la route ensemble jusqu’au refuge.

L’accueil est encore une fois réconfortant. Les petits morceaux de Beaufort fondent sous le palais. J’avale une boisson gazeuse et repars. On longe le joli lac de Pormenaz, puis la descente devient assez technique dans le passage des Argentières. J’avance très prudemment, il serait dommage de se blesser à quelques kms de l’arrivée après 12h de course. On arrive enfin aux chalets de Souay. A partir de là, je connais, la descente par la piste jusqu’au gite du Chatelêt où se tient le dernier ravitaillement. Je double 2 ou 3 coureurs sur cette partie roulante.  Je ne m’y arrête que pour le pointage, puis fonce vers l’arrivée. On passe au dessus du lac Vert et le dernier km est en faux plat montant. Je franchis la ligne après 13h20 de course.  Le speaker m’accueille et me tend le micro pour quelques mots. Il faut dire qu’il n’y a pas foule sur la zone d’arrivée à cette heure, et les arrivées se font au compte goutte.  La pluie refait son apparition alors que sous la tente de l’organisation, j’avale une pleine assiette de spaghetti bolognaise.

Le bilan : Bonnes sensations, jamais dans le rouge, prudence extrême sur les sols glissants pour éviter une mauvaise blessure. Pas de problèmes gastriques. La récupération est rapide.

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